Le débarquement d’un subtil mariage d’amour et d’amitié

La date avait été calée bien longtemps à l’avance, elle ne devait pas bouger et surtout elle était un repère pour beaucoup. Ce samedi 6 juin, jour du débarquement des alliés en Normandie il y a 65 ans, un petit groupe d’amis mariaient l’une des leurs, connue 10 ans plus tôt sur les bancs d’une faculté bordelaise.

Je pris la voiture ce samedi midi, direction un département que je connaissais trop bien : la Gironde, Niort, la Rochelle, Saintes, Cognac, Jonzac, Blaye, la rocade bordelaise et ses chauffards si insouciants et puis direction l’entre deux mers et ses noms en AC…Cadillac, Sadirac, Camarsac, etc…il était 16H lorsqu’on se retrouva dans cette petite ville de Cadillac…un petit café pour la route, histoire de tenir sans être fatigué (impossible de l’être pour un pareil jour) et puis le convoi pouvait prendre ensuite la direction de Soulignac (tiens encore un..). Un petit village que je connaissais bien pour y être venu faire quelques jours de vendanges il y a plusieurs années, avec Mélody. Souvenirs de fous rires dans les rangs de vignes, souvenirs de ce tracteur si difficile à conduire sur ces petites routes vallonées mais bon souvenir. Nous étions fin prêts, tous là : Benoit, Julien, Armelle, Sophie, Christophe, Jules et moi. Tous habillés comme pour un mariage…

Et ça tombait bien ! La mariée était radieuse, très belle aussi, le marié tout aussi beau et fier…un petit passage devant l’attroupement qui s’était constitué devant la mairie et hop direction monsieur le maire. Trop de monde pour la petite mairie de Soulignac donc cérémonie dehors et pas de possibilité d’entendre les « oui » traditionnels. Après tout, l’essentiel est d’être là et d’applaudir au bon moment. Et puis, on se rattrape ensuite devant la mairie lorsqu’ils sortent.

A ce moment donné, ma mémoire me rappelle que j’ai connu cette jeune femme il y a de cela 10 ans maintenant, fortuitement durant un cours de TD de géographie, le destin a fait le reste. Je n’y crois pas beaucoup mais force est de constater qu’il joue un rôle et qu’il faut parfois se résoudre à accepter son influence. Cette jeune femme si souriante, si attachante qui, comme me l’a dit son père, avait hérité d’une valeur essentielle à la vie : l’altruisme. Il avait réussi son pari, lui transmettre cela et elle en était une digne héritière. Rien ne disposait cette jeune femme, à l’époque, à se marier avec celui que j’avais là aussi rencontré fortuitement par personne interposée mais qui avait gravité dans « ma zone d’influence ». Le copain d’une amie, elle aussi journaliste, et qui s’avérait être dans le même lycée que moi. Rien ne disposait ces deux là à se rencontrer et pourtant…il a fallu un coup du destin : l’un redevenu célibataire, l’autre toute aussi libre, le temps d’une soirée chez moi, dans cet appartement de Gradignan qui en aura vu décidément…le temps de quelques jours et le destin avait accompli son œuvre. S’il avait fallu faire un pari avec le destin, j’aurais sûrement perdu car lui seul savait ce qui pouvait se passer et lui seul aurait pu parier que je verrais ces deux êtres devant la mairie de Soulignac, l’une en blanc, l’autre en gris clair, avec pour dénominateur commun, une alliance à l’un des doigts. L’essentiel était là : le bonheur.

Le bonheur aussi d’être ensembles car, comme pour les enterrements mais en plus joyeux forcément, les mariages sont faits aussi pour se retrouver et pour partager de bons moments entre copains. L’éloignement géographique des uns et des autres rendent ces occasions rares mais, paradoxalement, plus intenses. C’est normal : la rareté accentue cette sensation de bien-être et surtout la sensation de plaisir.

Il n’y a pas de lassitude, il n’y en a jamais eu d’ailleurs, mais elle aurait pu s’installer insidieusement sans que l’on sache pourquoi. Or, ce n’était pas le cas et durant cette soirée si festive, si importante, il était tout aussi important de se retrouver à la même table. Photos prises, moments enregistrés, instants immortalisés, les heures ont défilé sans s’en rendre compte, l’ambiance a fait le reste.

Lendemain de fête difficile forcément car peu dormi et déjà ces quelques heures derrière nous. Il était temps pour moi de passer à un autre chapitre tout aussi nostalgique, la dernière petite escapade chez mes parents. Vayres, ce village (disons même cette ville au vue de son développement récent) où j’ai grandi, où je suis allé à l’école, où j’ai évolué, où j’ai rencontré Catherine, fidèle amie depuis maintenant 25 ans, c’était ainsi la dernière fois que je le parcourais…Cette école primaire, juste à côté l’église, en haut de la côte, ce pont franchi pour tourner ensuite dans un virage où une boulangerie avait alimenté toute une population pendant des années…cette école maternelle, coïncidence, devenue le lieu de travail de ma mère, et dans laquelle j’ai grandi voilà de ça il y a plus de 20 ans. Ces rues, je les ai parcouru de nombreuses fois, des centaines voire des milliers de fois au fil des ans et aujourd’hui, encore, au volant de ma voiture, elles me renvoient à une époque lointaine et pourtant si proche. Dernière visite aussi dans cette maison où j’ai grandi, où nous avons joué tant de fois avec ma sœur, où nous nous sommes aussi engueulés de nombreuses fois, maison qui a vu des moments sympas, des moments de tensions, des moments heureux, d’autres moins joyeux mais qui était toujours debout et qui était malgré tout un repère depuis l’enfance. Une page se tourne, une autre s’ouvre désormais dans les Landes. Vayres restera, c’est certain, à jamais gravé dans ma mémoire, impossible de faire autrement, et j’y retournerais peut-être un jour.

Bref, au final, un week-end chargé en émotion. Une nouvelle fois, la nostalgie m’a accompagné sur la route, durant un périple qui m’a conduit dans un département que j’affectionne, auprès de gens que j’affectionne tout autant. Mariage d’amour, mariage heureux, mariage d’amitié, mariage de fidélité. Les pages se tournent, certains se sont ouvertes, d’autres se sont poursuivies tout simplement, et puis d’autres se sont fermées…le livre de la vie, c’est ça et ce qui est appréciable, pour une fois, c’est qu’on ne sait jamais comment ça finit. Il n’est pas figé, il est en perpétuelle évolution….à nous de prendre le bon stylo pour ne pas laisser de pages blanches…

Comments

[fantomasgg85]

oui c'est vrai car il s'agit de photos publiées sur le profil facebook de sophie et donc ce ne sont pas les originales je devrais les avoir bientôt et dans ce cas je les remplacerais et en mettrais d'autres cathounette !
bises
FG

[Cathy]

Tes photos sont un peu petites Fabien, on ne voit pas bien les mariés. Celle de votre petit groupe est superbe. Bisous à tous !