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mimifantomas85
13 mars 2010

Lettre à Hélène

Tout cela avait bien commencé, trop bien commencé même. Nous étions la veille de la SaintValentin, date ô combien symbolique quand on cherche l’amour. Tu m’avais donné rendez vous dans un restaurant où tu avais réservé une table. Cadre agréable, la cuisine tout autant et je fus surpris, en ce soir d’hiver du mois de février, de trouver en face de moi, sur cette place de la mairie, une femme, plus petite que moi mais avec un grand sourire et un visage qui n’était pas déplaisant. J’avais, par le passé, été déçu à de nombreuses reprises, la photo ne correspondant pas toujours à la réalité. Là, pour le coup, c’était une bonne surprise. Durant le repas, tu n’as pas beaucoup parlé, tu ne t’es pas beaucoup dévoilée, répondant par des phrases courtes et écoutant mon discours souvent fleuve mais avec des yeux attentifs, pour ne pas dire admiratifs. Je me sentais ce soir là quelqu’un d’important, quelqu’un d’intéressant, cela faisait bien longtemps que cela ne m’étais pas arrivé. Nous avons parlé de choses et d’autres et nous n’avons pas vu que la salle de restaurant était vide autour de nous. Nous avons alors quitté les lieux, libérant ainsi le restaurateur qui, juste après notre départ, avait déjà éteint toutes les lumières de son établissement. Sur le parking, devant ta voiture, on s’est dit au revoir, de manière classique, se promettant alors de se revoir rapidement. Je t’ai ensuite envoyé un message, au niveau du péage de l’autoroute, pour te dire que je n’aurais pas espéré passer une meilleure Saint Valentin, fête qui le plus souvent me donnait quelques aigreurs d’estomac. Tu m’as répondu la même chose : nous étions sur la même longueur d’onde. Le dimanche, j’avais un peu la tête dans les nuages, tu ne correspondais pas certes aux critères que j’avais mais je me disais que c’était un beau « challenge » que d’apprendre à connaître quelqu’un et surtout en sachant que cette personne avait de l’intérêt pour moi, moi qui n’avait aucune confiance en moi et qui avait beaucoup de certitudes sur mon image que je voyais toujours comme négative. Deux jours après notre rencontre, tu m’as envoyé un petit message…puis un autre…puis un autre…puis plusieurs autres…plus d’une douzaine dans la semaine à n’importe quelle heure de la journée. Ce lundi soir, un peu grisé par ces messages, un peu grisé par la soirée du samedi, j’ai discuté avec toi mais au lieu d’avoir un sentiment de joie, d’exaltation, j’ai eu peur. Une boule au ventre face à des propos qui ne correspondaient pas à la réalité et qui sonnaient déjà faux : un homme séduisant que j’étais, intéressant, super, formidable…bref, trop de superlatifs que ce soit vrai. Cela m’a donné des crampes d’estomac, quelque chose au fond de moi m’a alors crié qu’il y avait aiguille sous roche, que ce n’était pas possible. Je m’étais ça sur le compte du manque de confiance en moi, persuadé que personne ne pouvait ainsi avoir de l’intérêt soudain pour moi. Cela a eu le mérite aussi de me mettre en face d’une réalité : cette recherche d’une compagne depuis des mois pouvait enfin aboutir, elle avait des chances de se concrétiser, moi qui ne vivait alors jusque là que dans la certitude de l’échec et de la fatalité. Cela était nouveau pour moi et très vite, j’ai alors eu une mauvaise perception, un sentiment de pression, un sentiment d’étouffement, de contraintes, on empiétait sur ma vie privée, sur ma liberté, sur mon indépendance dont finalement je n’étais pas prêt à me défaire de sitôt. Je n’avais jamais connu un tel sentiment, de telles bouffées d’angoisse et de doute. J’ai du alors consulté…mes amis d’abord, eux qui me sont d’un soutien sans faille et sur lesquels je peux compter à tout moment. Il me fallait alors des avis extérieurs afin de mieux comprendre et analyser cette situation nouvelle. Bilan : quelques mises en garde (logiques) mais dans l’ensemble une certitude : celle qu’il ne fallait pas laisser passer cette chance. J’ai donc réfléchi, longuement et j’en ai déduis qu’il fallait nous parlions. Ce fut chose faite quelques jours plus tard mais un phénomène étrange s’était produit : tu avais perdu alors à mes yeux tout attrait. Tu étais devenue en l’espace de quelques jours une pauvre vieille fille de 35 ans, habitant toujours chez ses parents, visiblement désespérée et qui avait un comportement d’adolescente de 13 ans dans un corps de femme dont le charme n’était plus si évident. Nous avons discuté, tu m’as dit que tu comprenais ma réaction, qu’en effet tu avais été un peu trop vite en besogne et que tu reviendrais à un comportement plus rationnel. Point de rationalité puisque tu as décidé alors de passer d’un extrême à l’autre et de prendre encore plus de distance que prévue. Cela me permettait de souffler, je pensais que c’était salutaire pour notre relation, que je voyais de manière un peu obscure je dois dire. Je n’étais plus sûr mais alors que s’installait en moi un début de doute, je décidais alors, revirement de situation, de profiter de cette situation et de me ressaisir, de ne pas fuir de nouveau devant l’adversité. Seul, face à moi-même et mes contradictions, j’avais acquis alors la conviction que le temps serait notre meilleur allié et j’avais envie de te revoir. Je t’invitais sur un coup de tête, à manger chez moi, calmement et je me livrai alors comme jamais je ne m’étais livré à une femme. Je pensais que la clef était la sincérité, le dialogue et tu me semblais compréhensive. Tu te livrais un peu toi aussi, m’expliquant, qu’à 35 ans, c’était nouveau également et que tu avais vécu ta vraie première expérience quelques mois auparavant avec un homme rencontré sur le site de rencontres par lequel nous nous étions aussi connus. Cela s’était mal terminé, tu t’étais aperçue qu’il t’avait menti, qu’il t’avait trompé et tu en avais visiblement souffert. Je n’étais pas ce genre d’homme, je pense que tu l’avais compris. Ce soir là, après une discussion côte à côte sur mon canapé, je t’ai raccompagné à ma voiture. J’ai eu envie de t’embrasser, toi aussi, nous nous le sommes dit dans un message quelques heures après…dommage mais je sentais que nous avions franchi un stade, celui de l’intimité, celui de la compréhension.

La vie a alors poursuivi son cours, chaque jour marqué par un message, une discussion de quelques minutes le soir mais un sentiment qui grandissait en moi, celui de te revoir. Je voulais aller au cinéma avec toi, lieu cliché par excellence pour les amoureux mais je me disais que cela me faciliterait grandement la tâche, moi l’éternel timide complexé. La sortie était prévue, ne restait plus qu’à la détailler. Ce fut chose faite ce jeudi 11 mars vers 20H30 où nous avons entamé une discussion mais, problème, je sentais bien que tu n’étais pas là. Tu n’avais envie de rien, tu n’étais pas motivée, peu présente, ne te contentant que de banalités. J’ai alors essayé de creuser un peu, de chercher à comprendre ce qui n’allait pas et c’est ainsi que tu m’as révélé que depuis plusieurs jours, tu avais rencontré un autre homme sur le site de rencontre où nous étions inscrits. Ce même site sur lequel tu ne voulais plus aller, sur lequel moi non plus je n’allais plus vraiment, persuadé qu’il n’y a pas de raison pour cela puisque je croyais avoir trouvé quelqu’un qui me convenait. Tu hésitais entre deux personnes, perturbée en plus par un 3ème homme que tu avais connu juste avant moi et qui, soit disant, continuait à t’écrire des messages enflammés. Ce fut pour moi une trahison, un coup de poignard, une énorme envie de te coller ma main dans ta gueule de sainte nitouche. Ce soir là, à 21H10, dépassant de quelques minutes mon horaire de coucher mais pour la bonne cause, la barrière venait de s’abaisser. Tu ne pourrais désormais plus jamais la franchir, j’en avais condamné l’accès à tout jamais. Ce n’était pas de la peine qui m’animait, non tout simplement de la colère. En colère d’avoir porté attention à une vieille fille de 35 ans, sans amis, vivant encore chez ses parents, possédant un travail sans grande perspective et dont la vie était terne, rythmée par des week-end à tuer le temps et peu motivée à tester de nouvelles choses et à découvrir les plaisirs de la vie. En colère contre une femme, contre la première femme, pour laquelle j’acceptais de me livrer, étant passé par des états difficiles, par des remises en question, par des doutes, par des concessions et par des interrogations qui me hantaient toutes les nuits. En colère contre une femme dont je commençais à mieux cerner le caractère et malgré tous les défauts énoncés plus haut, dont je me disais qu’elle pourrait ainsi m’aider à acquérir une expérience que je n’avais pas vraiment, afin de reprendre confiance en moi et me sentir enfin quelqu’un de désiré. En colère d’avoir perdu mon temps, chose que je déteste le plus au monde, en colère d’avoir ainsi été trahi, trompé par une vieille fille dont le but ultime était de trouver à se caser à tout prix, ne lésinant pas sur les moyens et dont j’aurais peut-être du profiter dès le départ au vue du peu de considération qu’elle faisait de la relation à deux. Pressée d’avoir quelqu’un, pressée par une horloge biologique totalement déréglée car sans repères pendant les 20 dernières années et qui s’était comportée comme une salope de seconde zone, celle de première zone étant la salope qui en retire du plaisir, celle de seconde zone étant d’un niveau intellectuel nettement inférieur.

Aujourd’hui, je suis soulagé de ne pas avoir continué ainsi mon aveuglement, pourtant alerté par quelques personnes de mon entourage qui sentaient l’entourloupe mais que mon cœur se refusait à écouter, borné que j’étais à me convaincre qu’il était encore possible de vivre quelque chose. Soulagé, heureux d’avoir retrouvé ma liberté, malgré tout satisfait d’en avoir tiré des enseignements, des leçons et surtout fier de ne pas avoir finalement profité de la situation, de ne pas avoir transigé sur mes principes, de ne pas être allé contre ma nature, de pouvoir continuer à me regarder en face le matin dans ma glace, me disant que, certes ça n’est pas l’image que j’aimerais refléter, mais que cette image a le mérite de faire de moi un homme plus apaisé, un homme entouré, un homme fier de son parcours, un homme présent pour ceux qu’ils aiment, un homme intransigeant, un homme indépendant et qui ne sacrifie pas sa vie pour l’autre sans qu’il y a un retour, un homme qui marche, qui avance, qui vit et qui a enfin décidé de profiter de l’existence.

Cet homme là, il a perdu un mois de sa vie, mais à l’échelle de l’humanité, ça n’est rien. C’est exactement comme toi : cela ne représente pas grand-chose, simplement une petite poussière d’étoile insignifiante sans vie et sans saveur, frustrée de ne pas avoir pu briller depuis tant d’années et qui va pouvoir réfléchir dans une autre galaxie au pourquoi du comment elle a laissé filer sur une autre orbite cette planète accueillante et aux propriétés exceptionnelles.

Soleil 85, la bonne nouvelle, c’est que tu ne brilles plus dans mon cœur, l’éclipse a été totale…

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