Un passé bien présent pour un futur encombrant

Une force ou une faiblesse, impossible de le dire. Le passé a cet avantage qu’il permet d’éclairer le présent mais à défaut de trop vouloir le solliciter on reproduit souvent les mêmes erreurs. J’ai toujours eu conscience de l’importance du passé, des moments heureux bien sûr destinés surtout à venir atténuer une souffrance ponctuelle en replongeant dans des moments où la plénitude était entière ; des moments malheureux aussi pour se souvenir que d’une épreuve on peut en tirer une leçon. Le passé a un gros désavantage : on ne peut le modifier. On peut décider de son futur, on peut modifier parfois le présent mais on ne peut modifier le passé. Jusqu’à présent, je savais que les choix dans le passé déterminaient l’avenir mais au jour d’aujourd’hui, au moment même où j’écris ces lignes, je me rends compte de l’importance et surtout des conséquences d’un passé émaillé d’erreurs. Erreurs de comportement, erreur de jugement et surtout erreur de transmission.

Il est un sujet qui a longtemps été tabou chez moi, c’est la sexualité. Jamais évoqué, ou à demi mot, idée juste effleurée, bien souvent considérée comme honteuse. Comme beaucoup de garçons, il a donc fallu que je me fasse une propre idée de ce qui est un des moteurs de l’humanité, la reproduction et par extension le plaisir et la découverte du corps de l’autre. Un sujet sur lequel on ne parle pas, on ne discute, on n’échange pas, est forcément un sujet qui devient tabou, un interdit que l’on s’interdit de briser et sur lequel plane des incertitudes, des interrogations nombreuses et fortes, des blocages que l’on paye plus tard. Ce dimanche, je suis en train de payer ces erreurs. 20 ou 25 ans après, voilà que se confronte à moi l’épineuse question de la sexualité. C’est un peu comme si, au fond de votre jardin, vous aviez un puit recouvert d’une épaisse chape de béton, un puit dont vous connaissez l’existence auquel vous pensez en vous disant que forcément votre vie serait tellement meilleure avec une eau puisée au plus profond de la terre, mais en vous disant aussi que l’eau du robinet convient très bien et que vous n’en avez pas une grande utilité. Et puis, un jour, vient la panne. La fuite…la tuile…le grain de sable qui vient enrayer la machine et qui vous fait tourner inévitablement la tête vers ce puit toujours au fond du jardin et qui se découvre à vous après tant d’années de coexistence pacifique. Vous prenez conscience qu’il est temps de soulever la dalle de béton, de regarder au fond du puits, d’y voir dans un premier temps un imposant trou noir, sans fond, dans lequel vos paroles raisonnent, preuve d’un vide abyssal, et vous devez alors vous servir de ce seul outil à votre disposition pour votre survie. J’ai du ouvrir la dalle de béton, j’ai du alors me rendre du vide abyssal dans lequel je devais plonger, parabole du vide de mon âme sur une question laissée trop longtemps en jachère. C’est une faute dont je ne suis pas responsable, qu’il est impossible de réparer tant elle est lointaine et surtout désormais enracinée dans ma personnalité. Cependant il y a toujours moyen de corriger certaines choses.

Cette semaine, mes amis, il m’est arrivé un bouleversement dans ma vie : pour une fois, une  des rares fois dans ma vie, quelqu’un s’est intéressé à moi. Pas simplement sur l’aspect de mon travail, ce dont j’ai tendance de plus en plus à me méfier car cela peut attirer des convoitises pas toujours bienveillantes, non cette fois, c’était autre chose. Désabusé, angoissé malgré tout, je commençais à prendre les choses avec philosophie me disant que je devrais accumuler des expériences pour en retirer des leçons, utiles par la suite pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Cette semaine, j’ai été confronté à moi-même : pour la première fois de ma vie, je devais agir en retour d’un intérêt qu’on ne m’avait jamais porté. C’était nouveau, intéressant, excitant, charmant, mais aussi dérangeant. Dérangeant oui car lorsqu’on n’est pas habitué à de telles sollicitations, on se plait alors à penser qu’il s’agit là d’une erreur, d’un canular ou bien tout simplement d’une invention de notre imagination, tellement habituée par le passé à nous gratifier de pensées positives souvent bien éloignées de la réalité, elle si brutale et si cruelle dans la plupart des cas. Le manque de confiance en soi, la clef est là. Et cette clef n’ouvrira la bonne porte qu’à condition de trouver la serrure, pour l’instant je tâtonne dans le noir. Je suis près de la porte mais encore un peu hésitant. Je n’y arrive pas tout simplement. J’ai la bonne clef, depuis peu d’ailleurs, j’en suis sûr, mais je ne sais pas encore la guider vers la serrure qui ouvrira la porte sur autre chose. Impossible d’effacer 20 ans de non dits, de frustration, de tabous, d’interdits et autre sujets sur lesquels il était impossible de mettre des mots. Avoir la monnaie de sa pièce, aujourd’hui malgré le passage à l’euro, je reçois la monnaie des pièces et billets que j’ai donné en francs dans les années 80 et 90 et qui ne valent plus grand-chose, en tous les cas beaucoup moins qu’à l’époque.

J’ai soulevé la dalle de béton, j’y vois des choses pas très brillantes, j’y vois un trou sombre dans lequel je suis inévitablement attiré, je vais m’accrocher aux parois pour y descendre tranquillement, l’explorer, l’appréhender sans jamais lâcher prise, de peur d’y tomber de manière précipitée, entrainant dans ma chute une part de mon identité.

Comments

[frede]

A notre ami philosophe,

Coucou, je vois que tu es en pleine introspection. Notre société met des tabous sur tout et nos caractères n'arrangent rien. On a beau faire les malins à l'adollescence, faire ceux qui n'en ont rien à faire ou savent tout sur tout, quand la vraie vie nous rappelle à l'ordre, on semble tout ignorer sur tout.
Je ne sais si cet être qui s'intéresse à toi t'apporte tout ce que tu souhaites (et je te le souhaite de tout coeur) ni ou cela t'emmènera mais je voulais que tu saches que tu es intéressant, intelligent et qu'il faut parfois ne plus attendre pour que cela arrive...enfin!!

En attendant de parler de tout ça en vrai, dis moi quand as tu programmé de nous rendre visite?
Bisous à toi.